Le Frelon oriental, espèce très dangereuse, détecté à Marseille pour la première fois en France “Vespa orientalis”

Une nouvelle espèce de frelon, le frelon oriental, a été découverte pour la première fois en France, à Marseille. Redoutable prédateur d’abeilles et très dangereux, il pourrait causer de gros dégâts si sa propagation n’est pas stoppée à temps.

Trois chercheurs ont fait la découverte d’une nouvelle espèce de frelon asiatique qui pourrait faire beaucoup de dégâts. • © Laboratoire Ecotonia

Son nom, le frelon oriental. Son nom scientifique, le Vespa orientalis Linnaeus. Une espèce scientifiquement reconnue, mais jusqu’alors absente des contrées métropolitaines. 

Gérard Filippi et ses collègues Alain Coache et Bruno Gereys ne s’attendaient pas à une telle découverte. Alors qu’ils effectuaient une étude classique sur la faune et la flore à Marseille, les trois chercheurs du laboratoire d’entomologie (étude des insectes) aixois Ecotonia sont tombés sur cette espèce de frelon dans un site industriel fermé.

Ils viennent de publier leur découverte dans la revue scientifique Faunitaxys. Et la nouvelle pourrait faire grand bruit. 

Une espèce très dangereuse

Le frelon oriental fait partie des 22 espèces de frelons. Sur le site de Marseille observé par les scientifiques d’Ecotonia, trois types de frelons ont été trouvés : le frelon oriental, le frelon européen (vespa crabro) et le frelon asiatique (vespa velutina).

Le frelon oriental est une espèce “très dangereuse, très invasive et prédatrice d’abeilles”. Elle se caractérise par sa couleur rousse, avec une partie jaune au niveau de la face antérieure de la tête et sur les 3e et 4e segments de l’abdomen. Aussi, ce frelon semble quasi-glabre, sans poils, à l’œil nu. 

Les trois types de frelon trouvés à Marseille. • © Ecotonia

“Cette espèce a une capacité d’expansion très très rapide. Aujourd’hui, il est très difficile voire inutile de lutter contre les essaims, ils se multiplient trop vite”, explique Gérard Filippi, directeur et fondateur d’Ecotonia .

Des mâles et des femelles ont été trouvés, ce qui laisse penser à la présence d’un nid. Est-il récent ? A-t-il plusieurs années ? “On ne le sait pas encore”, témoigne l’entomologiste. Mais il y a urgence. “Le challenge, c’est de trouver le nid pour le détruire le plus rapidement possible”.

Des frelons arrivés par bateau

Selon Gérard Filippi, il est fort probable que le frelon ait été acheminé par bateau. Les insectes ont été trouvés contre le ruisseau des Aygalades, qui se jettent dans le port de Marseille. 

Le frelon oriental est déjà présent dans les Balkans, son aire naturelle, mais aussi sur des îles de la mer Egée, en Bulgarie, Turquie, à Chypre, Malte, au sud de l’Italie mais aussi au nord-est de l’Afrique et au Moyen-Orient.

Elle a également été citée au Turkménistan, Tadjikistan, en Iran, Ouzbékistan, Afghanistan, ou encore au Pakistan, en Inde et au Népal. 

En Italie, un spécimen a été observé à Gênes en 2018 ainsi qu’en Toscane en 2021. Le frelon oriental a été également repéré en Espace, à Valence depuis 2012 ou en Andalousie. 

Distribution des 3 espèces de frelons présentes en France. • © Q. ROME – MNHK

Danger pour les humains ?

Les piqûres de frelons sont très douloureuses, et peuvent être mortelles en cas de réaction allergique. “Mais même une piqûre de guêpe peut tuer si on fait une réaction allergique”, rappelle Gérard Filippi.

“Le frelon, proche de la guêpe, mais beaucoup plus gros, peut piquer plusieurs fois car, comme la guêpe, il ne laisse pas son dard dans la peau”, peut-on lire sur le site d’Amélie.fr.

En cas de piqûre dans la bouche ou la gorge avec des difficultés à respirer, il faut consulter en urgence. Il est conseillé de donner un glaçon à sucer pour faire diminuer l’œdème. Il faut également appeler les secours en cas de piqûres multiples ou d’allergie au venin. 

Un frelon asiatique géant, un frelon chauve. • © Elaine Thompson / POOL / AFP
premier individu Vespa orientalis collecté le 22 septembre 2021 (Source : A. Coache)

Les frelons asiatiques présentent un tempérament “très agressif, plus que nos espèces indigènes”, souligne le scientifique avant de nuancer : “Ce n’est pas une espèce qui attaque, à moins d’être attaquée. Le tout est de “ne pas s’approcher de l’essaim”, rappelle le spécialiste.

Abeilles en détresse

Prévenir les apiculteurs, voilà l’urgence principale pour sauver les abeilles. Puis éradiquer l’espèce, avant qu’elle ne se propage dans tout le pays. 

“Il est souhaitable de vérifier si elle est présente dans d’autres quartiers de Marseille, ainsi que dans les villes et communes avoisinantes. Sa présence pourrait en effet créer des difficultés dans le secteur de l’apiculture, ce frelon étant considéré comme un redoutable prédateur d’abeilles domestiques, pouvant occasionner des dégâts dans les ruchers”, peut-on lire dans l’article.

En France, la diminution de la population d’abeille, appelée syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, inquiète toujours plus. 30 % des colonies d’abeilles disparaissent chaque année. En dix ans, 15.000 apiculteurs ont cessé leur activité.

Un constat alarmant quand on sait que l’abeille joue un rôle crucial dans notre écosystème. Elles sont à l’origine de la reproduction de plus de 80 % des espèces végétales. Ces insectes pollinisateurs assurent également plus de 75 % des cultures dans le monde et 10 % du chiffre de l’agriculture mondiale. 

Selon une étude du ministère de l’Environnement daté de 2016, leur extinction causerait en France une perte de près de 2,9 milliards d’euros. 

La première cause de disparition des abeilles est l’utilisation de pesticides et produits chimiques. La seconde, la prolifération du frelon asiatique, arrivé en France en 2006. La prolifération du frelon oriental pourrait empirer la situation.

A gauche : Vespa orientalis – Au centre : Vespa crabro – A droite : Vespa velutina (Source : A. Coache)
Castes de V. orientalis – A gauche : Reine – Au centre : Ouvrière – A droite : Mâle (Source : A. Coache)

Si vous apercevez cette espèce, il est recommandé de nous faire remonter l’observation directement. Vous pouvez également contacter le Muséum de Paris (MNHN) par l’intermédiaire de l’ INPN qui a mis en place un formulaire sur leur site. 

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