2021 : une récolte de miel historiquement faible
2020 avait été une très bonne saison, 2021 sera une année noire pour les apiculteurs. Selon les secteurs, les pertes dépassent les 50 %. En cause, essentiellement des conditions météorologiques déréglées.
La douceur précoce de 2020 avait permis une récolte de miel abondante. Mais cette année, les apiculteurs ne sont pas à la fête. Sur l’ensemble du territoire français, on observe une baisse de production de 30 à 40 % par rapport à l’an dernier.
Météo en dents de scie
Une constante à laquelle se sont surtout ajoutés cette année d’importants bouleversements climatiques. Une météo chaotique qui a bouleversé le fragile équilibre entre climat, floraison et période de travail des abeilles. Sylvain Merveille est apiculteur professionnel à St Crépin de Richemont, dans le Périgord Vert. Apiculteur depuis 10 ans, il avoue que 2021 est la pire année qu’il ait connu. Cette année, il devra puiser dans ses stocks de l’an dernier pour satisfaire la demande, et il ne sait pas si cela suffira. Il ne faudrait surtout pas que le scénario 2021 se reproduise l’année prochaine.
Pas de miel de printemps… peu de miel d’été
Dès le printemps, la vague de gel a mis à mal les floraisons, dans les champs et sur les arbres fruitiers. Un froid qui a immobilisé les abeilles, et ruiné les espoirs de récolte du miel de printemps, et surtout du miel d’acacia. Puis sont venues les pluies abondantes qui ont confiné les butineuses dans la ruche et délavé les fleurs de leur nectar, notamment les chataîgners et les tilleuls. Humidité par ailleurs propice à la propagation de maladies.
Début juillet, les matinées trop fraîches ont encore immobilisé l’activité des ruches. Plus tard, on n’a manqué ni de chaleur, ni de fraîcheur, ni de sécheresse, ni d’humidité, mais elles sont arrivées par vagues. Des pics irréguliers, sans l’équilibre nécessaire au développement des ruches et à la production de miel.
Fin de saison
Conséquence pour les 1.500 apiculteurs (soit environ 20 000 ruches) en grande majorité amateurs de Dordogne, une baisse de production de plus de 50% en moyenne, et même une perte de population dans certains cas. Certains apiculteurs ont été contraints de nourrir leurs essaims, ou encore de laisser les faibles réserves de miel dans les ruches afin d’assurer la survie hivernale.
Déséquilibre en cascade
La fin août sonne la fin de la récolte et désormais même une belle arrière-saison ne pourra pas compenser les pertes. Le miel français cet hiver sera plus rare, et donc plus cher, et les rayons des magasins risquent de se garnir encore davantage de miel d’Espagne, d’Ukraine, voire même de Chine ! De quoi déséquilibrer toujours plus la balance commerciale du miel en France où déjà plus de 70% du miel consommé est d’origine étrangère.
D’où la nécessité de continuer à préférer le miel français, même un peu plus coûteux, afin de soutenir la filière, privilégier les circuits courts et encourager tout un chacun, agriculteurs compris, à s’intéresser au sort des abeilles françaises, véritables baromètres vivants de la bonne santé de notre écosystème.